Septembre, c’est le mois des vendanges. L’occasion de revenir sur un chapitre qui a marqué durablement l’histoire de notre vignoble. La découverte, grâce à un coup de pouce du hasard, des vertus du cuivre qui donnera naissance à la célèbre bouillie bordelaise sauvant ainsi le raisin des attaques de mildiou.

La découverte liée au hasard de la bouillie bordelaise fait partie des 50 « petits hasards qui ont bouleversé la science » parus aux Editions Papillon Rouge
Le mildiou de la vigne, il y a les années avec, et les années sans. Cet champignon microscopique tant redouté par les vignerons se cache sournoisement pendant l’hiver dans les feuilles mortes qui jonchent le sol. Dès les premières pluies printanières, il se met à frémir et si la température commence à grimper, il prépare l’attaque fatale. Peu à peu, il s’infiltre dans les tissus de la plante. Rien de très visible dans un premier temps. Quelques tâches ça et là sur les jeunes feuilles. Qu’il se mette ensuite à pleuvoir régulièrement et c’est une épidémie destructrice qui s’étend en quelques jours. Tout y passe. Feuilles, rameaux, grappes se dessèchent comme après un coup de chaleur. Les espoirs de récolte sont anéantis mais la vigne ne meurt pas. Repéré pour la première fois en France en 1878, puis à Bordeaux dès 1881, ce champignon se propage ensuite dans tout le vignoble français. Les spécialistes viticoles qui se penchent sur ce nouveau désastre concluent qu’il est arrivé des Etats Unis avec les plants résistants au phylloxéra. Autrement dit, en soignant un premier fléau on en a introduit un second. Les recherches démarrent. On veut comprendre comment le champignon se développe et bien sûr, on cherche un moyen de lutte rapide et efficace. Les observations se multiplient. On constate que les attaques fluctuent d’une année sur l’autre, mais aussi que leur virulence varie d’une petite région à l’autre au cours d’une année. L’explication? Ceci serait en lien avec les conditions climatiques favorables au développement du champignon qui, elles aussi, varient d’une année sur l’autre et d’une micro région à l’autre au cours de la même année. Les premières publications scientifiques ne se font pas attendre. Quant au remède, on expérimente de tous côtés. Le soufre utilisé contre l’oïdium, autre champignon dévastateur, n’a pas d’effet. On essaie alors de nombreuses solutions. Et c’est grâce à une observation fortuite que l’on découvre enfin le moyen de lutte efficace : la célèbre bouillie bordelaise. Le principal protagoniste de cette découverte liée au hasard se nomme Alexis Millardet. Botaniste d’origine franc-comtoise, il travaille depuis 1876 à la Faculté des sciences de Bordeaux. Dès ses premiers travaux sur le mildiou de la vigne, il cherche à identifier un moyen de lutte applicable avant l’apparition des symptômes..