
L’histoire de Lucien Péraire et de son « vélo-rail » fait partie des 25 « histoires vraies en Aquitaine » parues aux Editions « Papillon rouge«
En 1928 Lucien Péraire quitte la France via l’Allemagne pour un tour du monde à vélo. Son intention est pacifiste, ce qui n’est pas rien compte tenu du contexte politique du moment. En chemin, il veut faire découvrir l’espéranto au plus grand nombre. Il n’ira pas au bout de ses ambitions mais traversera tout de même la Russie, séjournera au Japon et atteindra l’actuel Vietnam. Parmi ses nombreuses aventures, l’arrivée ubuesque à Vladivostock en 1930 avec son « vélo-rail » conçu en chemin pour suivre les rails du Transsibérien méritait un récit.
Vladivostock Juin 1930. Imaginez le burlesque de la situation. Le long d’une large avenue boueuse et mal pavée, une foule enthousiaste et admirative applaudit à tout rompre à la difficile progression d’un jeune homme en short et chemisette juché sur une bien étrange machine. L’engin, une sorte de tricycle constitué d’un vélo avec ses deux roues, est flanqué sur sa gauche d’un troisième point d’appui formé de tringles métalliques reliées entre elles. Le tout est équipé de plusieurs roulettes. Ultime défi aux lois de la gravité, le guidon de ce vélo est bloqué. Le jeune homme manque d’ailleurs de tomber plusieurs fois et quelques spectateurs l’aident à se remettre en selle. L’événement n’a pourtant rien d’une farce et la performance que l’on célèbre ici est une première mondiale. La scène est même filmée pour être diffusée dans plusieurs pays. L’acrobate que la foule acclame si chaleureusement se nomme Lucien Péraire. Ce lot et garonnais de 24 ans est en effet, le premier homme à avoir relié à vélo, avec de faibles moyens matériels et, précise-t-il, sans aide officielle, son pays natal, la France, à l’extrémité de la Sibérie sur la côte pacifique. L’engin sur lequel il tente actuellement de trouver l’équilibre, c’est son vélo-rail avec lequel il a suivi le tracé du transsibérien pour réaliser son exploit. Sans la transformation ingénieuse qu’il a imaginée en cours de route, il aurait dû abandonner son projet car en dehors de la voie de chemin de fer, il n’existe à cette époque, aucun accès aux contrées qu’il veut traverser. Autrement dit, peu de chemins praticables, pas de route et encore moins de carte… Lire la suite